Essentiel… ou non ?

3 novembre 2020 Les décisions du Conseil d’État genevois  concernant la fermeture 
des petits commerces dit "non essentiels" est tombée dimanche et j'ai dû fermer 
mon arcade.  
 
Allez dire à un artiste qui vit, respire pour sa peinture, 
qui fait vivre son arcade-atelier en apportant depuis des années de la couleur 
à sa rue que ce n'est pas une activité essentielle, me parait particulièrement 
inadéquat, surtout de la part des personnes qui ont un salaire qui tombe 
régulièrement. 
Tout comme ces personnes, je paie des impôts, des taxes, des assurances, 
je vote, je donne mon avis, je suis un acteur modeste de notre société, 
mais un acteur quand même. Et du jour au lendemain, on me dit que
 je ne suis pas essentielle...?  
Je trouve cela blessant. 
Depuis le déconfinement du mois de mai, j'ai mis une protection plexiglas 
sur mon comptoir, du gel à disposition de la clientèle, 
j'ai porté le masque. J'ai fait ce qu'il fallait pour ne pas propager 
le virus et pour protéger les personnes qui entraient dans mon arcade.
 On m'a demandé d'être aussi un "policier", au risque de perdre des ventes, 
pour rappeler à l'ordre certaines personnes qui elles, 
ne faisaient pas attention. Je n'ai quasiment pas pris de congé cet été alors 
que pendant ce temps les terrasses des Villes se remplissaient de personnes 
se tapant sur l'épaule. 
J'ai l'impression d'avoir fait "juste", d'avoir été prudente et me voici pénalisée
par une fermeture arbitraire alors que d'autres, les "grands", "les essentiels",
peuvent continuer leurs activités presque sans autre. 
Dans mon arcade, je peux choisir de recevoir qu'une seule personne à la fois, 
on peut se tenir à distance, etc... 
Il me semble donc que j'aurai pu continuer à recevoir ma clientèle, 
à travailler normalement ou presque. 
Certes, je peux prendre des commandes par e-mail ou mettre en place  
un site de vente en ligne... 
Pour celles et ceux qui connaissent mon activité, ils savent 
que le coup de cœur que ce soit pour "une petite carte" ou pour un tableau 
est lui par contre, essentiel. 

Ce qui l'est tout autant c'est que les gens viennent pour 
l'objet mais aussi pour la rencontre "en direct" avec l'artiste. 
Lorsque tout le monde aura fait son site de vente en ligne, 
que tout le monde sera sur son ordinateur pour commander les produits 
venant de très loin, que tout le monde fera du "click and collect", 
les petites enseignes, les artistes, auront disparu... 

Et là certains décideurs, diront: "oui, c'est bien triste, 
ils n'ont pas tenu le coup, la 2ème vague les a emportés. 
Ils auraient dû vendre des pommes ! 
Et eux continueront à toucher leur salaire! 

Mesdames et Messieurs les décideurs, de grâce, ne dites plus à un artiste, 
qu'il n'est pas essentiel et traitez le comme un acteur à part entière 
de notre société. 

Merci



4 novembre 2020 :  
 
À la suite du texte ci dessus (du 3.11.2020) posté également sur Facebook, 
je voulais dire un grand MERCI à chacun et chacune. 
Il y a eu beaucoup de commentaires et vos réactions réchauffent mon cœur. 
Au delà des termes "essentiels, non essentiel" et des notions financières, 
économiques, c'est bien une vision de notre société qui est en jeu.
En catégorisant, étiquetant, mettant de côté une partie de la population, 
on apporte le chaos.. et quand cela vient de nos autorités, 
cela m'apparait comme étrange et consternant ! 
Un des bénéfices de la parole, de l'écrit, de la peinture, du dessin, 
bref de la créativité, c'est le sentiment d'être acteur de sa vie. 
Si mon "petit-bateau-percho" est un peu chahuté cette année, 
je rame sur cette 2ème vague en ayant une bonne santé et en continuant
d’utiliser mon crayon et de dessiner. 
Tout le monde ne peut pas dire qu'il fait ce qu'il aime !
Donc, haut les cœurs, car je sais bien que pour d'autres, 
les difficultés sont autrement plus délicates. 
Merci à tous et toutes. Pendant ce mois de novembre, 
je posterai tout comme je l'avais fait lors du premier confinement, 
mes recherches, mes dessins, et peut-être quelques réflexions écrites 
si ça me démange ! :-) à suivre !